Pour ceux d'entre vous qui ne connaîtraient pas "Octagon for St Eloi", monument bourguignon, se reporter là Un schmilblick bourguignon .
Aujourd'hui, ou plutôt hier, Octagon a encore fait parler de lui dans la presse. L'article sort en juillet 2011 dans l'édition de Chagny du quotidien local "Le journal de Saône et Loire" sous la plume et les photos de Marc Boulois, à l'occasion du 20ème anniversaire de son atterrissage sur la place de l'église :
Appelé familièrement le "boulon", l’Octagon for Saint-Éloi de Richard Serra n’est toujours pas en odeur de sainteté parmi les croyants se rendant aux offices religieux.
Le 24 avril 1991, le conseil municipal donnait un avis favorable à l’implantation d’une sculpture réalisée par Richard Serra, dans le cadre des commandes publiques.
Le 9 juillet de la même année, la société Cayon, installait l’œuvre dénommée Octagon for Saint-Éloi, place de l’église en lieu et place d’une croix double face qui avait été déplacée dans les années 1960 lors de la destruction d’un immeuble vétuste ayant servi de mairie pendant la révolution de 1789.
L’inauguration s’est déroulée en octobre 1991, en présence de Jean Claude Roure, préfet de Saône-et-Loire.
Des supputations sur le montant payé par la commune ont été citées, il apparaît que les dépenses à la charge de la ville se sont élevées à 115 513 francs.
L’Octagon de l’artiste américain Richard Serra est un volume octogonal de 2,10 mètres de haut sur 2,40 mètres de large et pesant 57 tonnes.
Sa réalisation a été confiée à la grosse forge de Creusot Loire Industrie.
« Tout est défini en fonction du site (c’est-à-dire devant l’église Saint-Martin) », disait Richard Serra. « L’œuvre est en osmose avec cet emplacement : sa forme octogonale évoque celle des baptistères, ses formes pures répondent à celles de l’église, à l’austérité cistercienne, et la couleur rouille de l’acier rappelle celle des toits ».
En octobre 1991, le père Collaudin, alors curé de Chagny, écrivait : « Une réalisation qui ne fait naître aucun sentiment, sinon le rejet et la déception. »
En décembre 1991, Daniel Malingre, alors maire, consignait dans les informations municipales : « Il est normal qu’au départ d’une telle expérience les critiques soient plus fréquentes que les louanges, l’art contemporain est un pari sur l’évolution des goûts. Laissons au temps le soin de trancher sereinement un vrai débat. »
Qu’en est-il 20 ans après ?
Pour certains paroissiens, l’église qui a été récemment classée monument historique pâtit de la présence de la sculpture. Des chagnotins, de toute tendance et d’âge mûr, se demandent encore ce que fait ce monument à cet endroit.
Certains le trouvent hideux ou disent que « son installation est affligeante et ne mérite pas l’appellation d’œuvre d’art », alors que pour d’autres, « sa masse dégage une force que rien ne pourra détruire, il est beau parce que puissant ».
Le jeune public qui passe à proximité ne la remarque plus : l’œuvre fait partie du paysage.
André Barçon, frère mariste et professeur certifié d’histoire, se pose les questions suivantes : combien de temps faudra-t-il attendre pour que la rouille vienne à bout des 57 tonnes d’acier et pourquoi avoir déplacé la croix ?
Pour Michel Picard, maire, l’Octagon a été conçu par un artiste qui s’est passionné pour la ville de Chagny. « Aujourd’hui, cet artiste, dont la réputation n’a cessé de croître au niveau mondial, attire à Chagny de nombreux spécialistes de l’art contemporain. »
Dans la convention tripartite signée entre la municipalité, l’État et l’artiste, il est bien spécifié qu’aucun déplacement de la sculpture ni aucune modification de son environnement immédiat ne pourront être faits sans l’accord des parties prenantes. Si par un hasard très improbable une décision devait être prise, où réinstaller cette sculpture et qui devrait supporter les frais générés par ce déplacement ?
Laïcité et religion, clergé et république, une controverse qui perdure depuis le 9 décembre 1905 avec l’adoption de la loi de séparation de l’église et de l’État, loi à l’initiative du député socialiste Aristide Briand.
À défaut de faire l’unanimité sur sa rouille, le monument aura fait et fera longtemps encore débat.
Eh oui, qu'en est-il 20 après ?
- Le temps n'a pas encore tranché,
- le débat pour ou contre n'a jamais été soumis au référendum local proposé par des empêcheurs "d'artistifier en rond",
- l'afflux d'amateurs d'art contemporain à Chagny ne va pas jusqu'à créer des embouteillages dans cette ville, l'accès à Octagon ne me semble d'ailleurs pas indiqué (à vérifier),
- la rouille n'est pas venu à bout d'Octagon qu'elle n'a même pas grignoté, mieux, elle le protègerait éternellement !
Pour titiller encore votre curiosité, tenter de répondre à la fois au frère Barson, à M. le maire Malingre, en apportant une contribution étayée au débat qui ne fait plus rage en pays chagnotin, je vous apporte aujourd'hui des nouvelles de frères et soeurs d'Octagon, grâce aux ressources inépuisables et passionnantes qu'offre le site Archéologie du futur, archéologie du quotidien de Catherine-Alice PALAGRET :
BELLAMY d'abord - perdu puis localisé grâce à Google Earth dans un entrepot du Bronx (BELLAMY mais aussi BLINDSPOT semble-t-il).
EQUAL-PARALLEL/GUERNICA-BENGASI disparu mystérieusement sans laisser d'adresse découpée, volée, revendue, fondue, enterrée...
TORQUED ELLIPSE ou JOE ? retrouvée par un photographe fouineur de friches dans le Bronx près d'un
terminal de ferry.
SHIFT menacée de destruction par un promoteur. Au sujet de Shift on peut constater que l'agriculture locale, pourtant entravée dans son travail par celui de Richard Serra, dispose de moins de pouvoirs que les employés de bureau de Manhattan qui sont parvenus à se débarrasser de ça :
TILTED ARC démonté, découpé de nuit, vendu à des ferrailleurs.
Nous sommes par ailleurs très inquiets du sort de CLARA-CLARA , plus que de celui d'Octagon, bien sage à Chagny depuis 20 ans maintenant.
Le sort des oeuvres monumentales de Richard SERRA, si lourdes soient-elles, est donc bien incertain.
Il en va de même dans l'estime du public puisque toutes font obstacles en barrant le passage...
... nous invitant à déambuler, ou nous imposant à contourner. Et quand il ne s'agit pas de déambuler, nous tournons en rond autour, hésitant à entrer à l'intérieur de peur de n'en pas trouver la sortie...
... certaines nous imposeraient même une déambulation giratoire, de quoi devenir... se taper...
... de quoi devenir..., se taper... en tous cas, mission accomplie, personne ne restera indifférent !
Rassurez-vous, je viens de vous mettre à contribution afin d'aider la Nénesse Céaife à se débarasser des feuilles mortes, je ne vous propose pas aujourd'hui de nouveau concours... Encore que, si vous avez des idées, nous sommes preneurs. J'offre un tour à vélo jusqu'à Octagon et un verre d'aligoté aux contributeurs courageux !
Que celui d'entre vous qui a chipé EQUALL-PARALLEL/GUERNICA-BENGASI se dénonce ! A moins qu'il ne soit tombé sur la tête des lybiens ces jours derniers ?