Ce samedi m'aura conduit presque jusqu'au bout de la Côte Chalonnaise en Saône et Loire, à SAINT BOIL, prêter main forte à la vendange d'une dernière parcelle de
gamay (vous vous souvenez, le cépage du BGO).
Le patron du jour,
c'est lui, Maurice, l'oncle de Marie Claire, veuf depuis peu, 88 ans. Là où d'autres auraient laissé la peau, le tonton montre une santé à se remettre d'un bon coup de fesses de culard charolais
dans une étable sombre et exigüe un soir d'hiver et de tous les menus accidents d'une vie de paysan. Prenant modèle sur le titre d'un bon film américain distrayant, s'il s'agissait d'en
faire un de la vie de l'oncle Maurice, il pourrait s'intituler "L'homme qui murmurait à l'oreille des charolaises".
Ainsi un dimanche après midi gris, brouillasseux et verglacé de début janvier 2009, j'arrivais à bicyclette souhaiter la bonne année à CHAUMOIS. La
tante Yvonne m'accueille tonitruant de sa voix autoritaire et haut perchée qui se veut ne pas souffrir la contradiction "Quoi, vous n'avez pas vu Maurice ? Il est allé porter du
foin à ses bêtes !". Moi penaud : "ben..., non, j'ai pas vu Maurice"..., mais effectivement, il me souvient. J'avais aperçu au loin en arrivant au hameau, dépassant la hauteur des
bouchures d'un chemin creux, une botte de foin voyageant au faîte d'une fourche. J'étais loin de me douter qu'à l'autre bout de la fourche il y avait l'oncle Maurice, et
encore moins que sous l'oncle Maurice, il y avait un vélo aux freins hors d'âge !
La météo est annoncée belle ce samedi et devant être au pied des ceps à 8h30, je pars à 6h15, à la nuit, pour 58 km. C'était sans compter
sur de beaux restes d'orages qui me jettent sous l'abri des arbres de l'accotement quelques kilomètres seulement après mon départ. Une demi-heure de retard dans la vigne, en plus de
l'orage, je ne pédale plus que la tête en l'air, repérant au passage quelques curiosités.
L'équipe est
là, déjà à pied d'oeuvre, les mains dans les pampres humides.
Les vendanges sont
traditionnelles pour plusieurs raisons. L'oncle Maurice à la retraite a confié la plupart de ses vignes en tâche, n'en conservant qu'une pour le plaisir, tout comme une huitaine de
charolais. D'autre part, pour qu'une parcelle soit vendangée par une machine, tout doit y être aligné au cordeau, sur des piquets bien droits et des fils propres, bien tendus. Ici, dans la
"Gabiaude", c'est un peu à l'ancienne, à la "va comme j'te pousse" ! Et puis une machine ça coûte ; à cet âge, laissons-ça aux jeunes.
Prenons le temps de faire les choses
tranquillement, entre vendangeurs de bonne compagnie, histoires drôles, nouvelles des uns et des autres, et commentaires politiques. Rien ne presse, si ce n'est de goûter encore, une fois de
plus...
A peine arrivé, juste
le temps de finir un rang, sonne déjà le rappel pour la pause café.
La Saône et Loire
produit du vin de Bourgogne, mais à la différence de sa voisine la Côte d'Or, où pratiquement tous les raisins sont vinifiés par les propriétaires des parcelles, ici on trouve
aussi des caves coopératives, regroupant les vendanges qu'elles vinifient très consciencieusement et proprement pour les vignerons-coopérateurs.
C'est à la cave
coopérative de BUXY que cette récolte sera conduite cet après-midi. Quelques hectolitres de perles noires, qui deviendront Bourgogne Grand Ordinaire ou bien Bourgogne Passetoutgrain.
L'équipe est
suffisamment nombreuse, et même sans mon renfort tardif c'en aurait été terminé de la Gabiaude autour de midi.
Un dernier petit tour
d'inspection du patron dans les rangs, vérifiant qu'il n'a pas été oublié de sécateur, ramassant une grappe, puis c'est le départ pour le repas.
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Je reprends le même itinéraire qu'à l'aller, de jour cette fois, déçu du soleil annoncé, mais sans pluie.
La voie verte, une
des premières en France, empruntant le tracé d'une ancienne voie ferrée d'intérêt local me ramène gentiment de SAINT BOIL à GIVRY en passant par BUXY. De longues pentes douces, un revêtement
soigné, et des boucles touristiques en font un itinéraire très fréquenté par ses voisins, des étrangers en vacances, ou bien l'équipe de France de roller à l'entraînement. Aujourd'hui
sous ce temps si gris, pas grand monde !
Même le "skate-park"
de BUXY, installé à côté de la cave coopérative est désert, laissant admirer quelques graphs plus habituels sur les murs des voies à l'approche des gares parisiennes.
Ici se trouvait la
plus forte pente de la voie verte, mais depuis quelques mois et probablement après quelques frayeurs et accidents, celle-ci s'est transformée en modeste route à lacets ralentisseurs.
Passé ce "col de la
cave", l'ancienne gare devient halte touristique, puis c'est la longue ligne droite jusqu'à GIVRY.
Les choix d'aménagements de voies vertes profitent à la fréquentation touristique de la Saône et Loire, alors que sa voisine la Côte d'Or peine à être à la
hauteur. Question fréquentation celle-ci reste sûre d'elle, assoupie sur sa réputation de grands vins et belles villes, ravivée de quelques événements festifs, se sentant à l'abri de la
versatilité touristique. Ce restaurant, raccord avec le décor de site ferroviaire, n'a pas dû remplir bien souvent sa terrasse et son wagon cet été !
Après GIVRY je dois reprendre la route des automobiles avant de retrouver d'autres voies.
DRACY LE FORT, célèbre pour sa clinique orthopédique et ses belles demeures de chirurgiens, a de quoi flatter l'oeil curieux qui va de découvertes en
découvertes.
Sur la place du village, deux rectangles concentriques de tilleuls taillés à la nacelle et au cordeau soulignent la mairie école, les maisons bourgeoises ; ils
offrent promenade ombragée, tout en encadrant le monument aux morts.
L'oeil curieux, changeant de focale sera attiré par...
Et rond et rond...
... ou par...
Qui s'y frotte...
... ou encore vers...
Chiens gentils, mais frappez avant...
... puis comme en remerciement du temps qu'il aura su accorder au village, le cycliste se verra salué à sa sortie par...
... à croire que le paysagiste a pris modèle sur la géométrie de mon destrier !
Quelques centaines de mètres, une ancienne route nationale à longer puis traverser, et me voilà à nouveau à l'abri de la circulation, libre de rouler à gauche, à droite,
d'éprouver les plaisirs enfantins du slalom sur la route de la forêt de Marlou.
A nouveau
quelques brefs km voisinant avec de rares automobiles, juste le temps de surprendre à FARGES LES CHALON des ronces sauvages en pleine tentative d'évasion...
... un hôtel de
luxe pour voyageurs ailés,...
... avant de
retrouver la quiétude d'une nouvelle voie réservée. On la dit bleue puisqu'elle longe le canal du Centre, mais aux eaux pourtant bien vertes !
Moins de
pente le long d'un canal que d'une voie ferrée ; ici, pour passer les écluses, il faut appuyer sur les pédales.
Les canards, tellement habitués aux passages, ne se détournent plus.
Eh..., toi le rouquin..., c'est toi le chef ?
Après la barge qui travaille à la réfection des berges, avec sa cabine astucieuse de poids-lourd recyclé...
... vient la
barge abandonnée aux herbes folles conquises par un fond de vase humide.
En contrebas du canal
un labour présente une texture de tweed bien plus coquette que le velours mille-raies habituel.
Cette BGO, je
l'espère, saura donner envie à quelques uns ou quelques unes de se promener à bicyclette la tête en l'air, n'est-ce pas Lilou !
Je terminerai par un trésor juché sur un piédestal, dont je laisse le soin à mes collègues pédaleurs(euses) beaunois(es) de trouver au moins
- la marque,
- le nombre de vitesses,
- et la localisation !
Plus encore peut-être, sa raison d'être là.